Ma
vie était tranquille, presque parfaite. J'avais un mari aimant, Alphonse, et
deux filles merveilleuses. Mais tout a basculé il y a quelques semaines quand
Alphonse a fait un AVC et nous a quittés. Ce fut un choc immense, mais ce qui a
suivi a rendu la situation encore plus difficile à supporter.
Je
pensais que les assurances allaient nous aider, nous offrir un peu de répit
financier après cette tragédie. Mais j'ai vite déchanté. Ils ont refusé de
verser les sommes dues, invoquant une clause obscure dans le contrat
d'Alphonse. Apparemment, la cause exacte de son décès était sujette à
interprétation, et selon eux, cela suffisait à annuler la couverture. J'étais
dévastée, et pour ne rien arranger, je n'avais pas les moyens de me lancer dans
une bataille juridique longue et coûteuse. Les avocats que j'ai contactés
demandaient des honoraires que je ne pouvais pas payer, et les associations qui
auraient pu m'aider étaient débordées de demandes similaires.
Ainsi,
je me suis retrouvée seule, avec mes filles, sur une plage. Nous avons dû
quitter notre maison, emportant juste l'essentiel : un lit, le lit superposé
des filles, quelques affaires de cuisine, et une petite douche. C'était loin de
la vie que je voulais offrir à mes enfants, mais je n'avais pas d'autre choix.
Mais
malgré la douleur et la frustration, je savais que je devais me relever.
Jusqu'à ce jour, j'étais mère au foyer, dévouée à ma famille, mais la situation
m'a forcée à revoir mes priorités. J'ai décidé de me lancer dans une carrière
juridique. L'injustice que nous venions de subir m'a donné une nouvelle
motivation. Si je ne pouvais pas obtenir justice pour Alphonse, au moins je
pouvais apprendre à défendre ceux qui, comme moi, étaient laissés pour compte.
Quelques
mois plus tard, j'ai donné naissance à un petit garçon que j'ai prénommé Jin.
Entre les nuits blanches, mes études de droit, et les nouvelles responsabilités
qui pesaient sur mes épaules, chaque jour était une bataille. Mais cette
bataille, je la menais pour mes enfants. Jin était une source de joie dans
notre vie, un rappel constant que malgré tout, la vie continuait.
Vivre
à Sulani aurait dû être un rêve. Mais au lieu de ça, nos premières semaines ici
ont été marquées par des pluies torrentielles. Tout ce que j'avais réussi à
sauver a été endommagé. Pour protéger ce qui restait, j'ai dû installer un toit
transparent pour abriter nos affaires. Et puis, j'ai continué à travailler sans
relâche, accumulant les heures supplémentaires pour pouvoir, enfin, payer
quelques murs et offrir à mes filles un vrai abri.
Les
jours ont commencé à s'adoucir, et peu à peu, nous avons commencé à
reconstruire notre vie. Huit ans se sont écoulés depuis que nous avons posé nos
valises à Sulani. J'ai obtenu plusieurs promotions grâce à mon travail acharné,
et cela nous a permis d'agrandir la maison, de la transformer en un vrai foyer.
Alphonse,
même après son départ, n'a jamais vraiment quitté nos vies. Grâce à un rituel
ancien que j'avais appris, il pouvait revenir nous rendre visite de temps en
temps. Ses apparitions étaient toujours une source de réconfort, un rappel que,
d'une certaine manière, il veillait encore sur nous. Jin, en particulier,
adorait ces moments. Une fois, il a fait une bêtise qui a bien fait rire tout
le village : il s'est mis nu et a couru partout, sans se soucier du regard des
autres.
Avec
le temps, j'ai rencontré Jules. Il est arrivé dans ma vie au moment où j'avais
le plus besoin de soutien. Après quelques mois ensemble, il m'a demandé de
l'épouser. J'étais surprise, mais j'ai dit oui. Le jour de notre mariage, bien
que tout ne se soit pas déroulé comme prévu, nous étions entourés de nos
enfants et amis. Jules a apporté une stabilité dont nous avions tous besoin, et
ensemble, nous avons continué à améliorer notre maison et notre quotidien.
Au
fil des années, ma carrière juridique a pris de l'ampleur. J'ai réussi à me
faire un nom en défendant les droits des plus démunis, en particulier ceux qui,
comme moi, avaient été victimes de pratiques injustes de la part des
assurances. Chaque victoire en justice était pour moi une manière de rendre
hommage à Alphonse. J'ai aidé plusieurs de mes clients à obtenir ce qui leur
était dû, et à chaque fois que je gagnais contre une compagnie d'assurances,
c'était un joli pied de nez à mon propre passé. C'était ma revanche sur les
circonstances qui m'avaient autrefois brisée.
Mais
la vie à ses surprises. Un jour, Jules a appris qu'il avait un fils, Ayden,
d'une relation passée avec une femme nommée Bess. Elle était décédée dans un
accident tragique, et nous avons découvert qu'Ayden avait grandi dans des
conditions terribles. Bess n'avait jamais vraiment pris soin de lui, et cela se
voyait. L'accueillir dans notre foyer a été un défi, mais en voyant ses
premiers sourires, ses câlins hésitants, j'ai su que nous avions fait le bon
choix.

Les
années ont passé rapidement. Alona, ma fille aînée, est devenue critique d'art
à San Myshuno, Jia est une adolescente brillante, Jin continue de s'épanouir,
et Ayden a trouvé sa place parmi nous. Même si la vérité sur la mort de Bess a
été difficile à entendre, nous avons décidé de nous concentrer sur l'avenir et
de donner à Ayden l'amour et la sécurité qu'il n'avait jamais eus.
Aujourd'hui,
je suis au sommet de ma carrière, Jules aussi, et nos enfants sont heureux.
Nous avons construit un foyer solide, où l'amour et la résilience règnent en
maîtres. Alors que nous attendons l'arrivée d'un nouveau membre dans la
famille, je ne peux m'empêcher de penser que, malgré toutes les épreuves, la
vie nous a offert une seconde chance, et cette fois, je suis bien décidée à la
saisir pleinement.
Dès
son plus jeune âge, Zac a montré un caractère bien trempé. En tant que bambin,
il n’avait peur de rien. Chaque jour était une nouvelle aventure pour lui, une
occasion de tester ses limites. Je me souviens encore de ses premières
tentatives pour se mettre debout. Il tombait, se relevait, tombait à nouveau,
mais jamais il ne se décourageait. Pour Zac, les obstacles n’étaient que des
défis à relever.
Il
m’émerveillait par sa détermination. Quand il avait décidé de faire quelque
chose, rien ni personne ne pouvait l’en empêcher. Si quelque chose lui
résistait, il y revenait encore et encore, avec une persévérance presque
obstinée. J’ai souvent été surprise de voir à quel point il était concentré sur
ses objectifs, même à cet âge où tant d’enfants se lassent rapidement. Il ne se
laissait jamais abattre par l’échec, et chaque petite victoire semblait
renforcer sa confiance en lui.
Il
y avait cet après-midi où il avait décidé qu’il grimperait sur le plus haut des
toboggans du parc. Il était encore si petit, à peine plus haut que mes genoux,
mais cela ne l’a pas arrêté. Je l’observais, inquiète mais aussi fascinée,
alors qu’il se débattait avec l’échelle, ses petites mains agrippant fermement
les barreaux. Je savais que je devrais probablement l’aider, mais une part de
moi voulait voir jusqu’où il irait seul. Et bien sûr, après plusieurs essais,
il y est arrivé, et la fierté dans son regard était inoubliable. C’était comme
s'il venait de conquérir une montagne.
Cette
détermination n’a pas disparu lorsqu’il est entré à l’école primaire. Au
contraire, elle s’est amplifiée. Zac abordait chaque nouveau défi scolaire avec
la même ténacité qu’il avait montrée enfant. Qu’il s’agisse d’apprendre à lire,
à compter ou à résoudre des problèmes, il ne reculait devant rien. Même lorsque
les autres enfants se laissaient distraire, Zac restait concentré, les sourcils
froncés, déterminé à comprendre ce qui lui était demandé.
Je
me souviens particulièrement d’un projet scolaire où les élèves devaient
construire une maquette d’un bâtiment historique. Tandis que certains de ses
camarades se contentaient d’assembler quelques morceaux de carton, Zac avait
décidé qu’il ferait quelque chose d’ambitieux. Il avait choisi de reproduire
une tour qu'il avait vue dans un livre d’histoire. Il a passé des semaines à y
travailler, refusant toute aide, ses petites mains s’affairant avec une
précision qui m’a laissée sans voix. Et quand il a enfin terminé, je n’aurais
pas été plus fière si c’était moi qui avais construit cette maquette. Zac était
différent. Là où d’autres voyaient un travail pénible, lui voyait une occasion
de se dépasser.
Mais
ce n’était pas seulement à l’école qu’il montrait cette détermination. À la
maison aussi, il était inflexible. Que ce soit pour réussir un puzzle compliqué
ou pour apprendre à faire du vélo sans les petites roues, il s’acharnait
jusqu’à ce qu’il y parvienne. Rien ne semblait impossible pour lui, et cette
attitude finissait par déteindre sur toute la famille. Jules et moi étions
souvent impressionnés, parfois même intimidés, par cette force de caractère qui
émanait de notre petit garçon.
Avec
Zac, je savais que chaque étape de sa vie serait une nouvelle montagne à
gravir, mais je ne doutais jamais qu’il atteindrait le sommet. À chaque
obstacle qu’il rencontrait, il me rappelait qu’il n’était pas simplement un
enfant comme les autres. Zac était un battant, et sa détermination, née dès les
premiers jours, n’a fait que grandir avec lui.
Les
jours où Zac était mon petit garçon tranquille, qui jouait sans souci, semblent
appartenir à une autre époque. Il est maintenant un adolescent, prêt à faire
ses premiers pas dans le grand monde du lycée. Mais tout n’est pas aussi
simple. La vie a changé, pour lui comme pour moi, et je commence à voir à quel
point ma propre lutte avec l'âge et la perte de contrôle affecte mon fils.
Zac
est un garçon brillant, mais ces derniers mois ont été difficiles pour lui. Je
suis consciente que ma crise de la quarantaine a créé une atmosphère tendue à
la maison. Mes nuits sont courtes, à peine quatre heures de sommeil, et je me
lève souvent en pleine nuit, incapable de rester immobile, faisant du bruit et
perturbant le sommeil de Zac. Ce manque de repos a pesé lourd sur lui, se
reflétant dans ses notes qui ont chuté dramatiquement.
Je
ne peux pas ignorer non plus que mes sautes d'humeur le touchent plus qu’il ne
l’admet. Je me rends compte que chaque fois que quelque chose ne va pas, c’est
lui qui en subit les conséquences. Un mot de travers, un geste trop brusque, et
je m’en prends à lui sans même réfléchir. Et pourtant, il reste là, endurant
mes colères, absorbant mes frustrations sans jamais vraiment se plaindre.
Mais
Zac a atteint son point de rupture. Un soir, après une de nos disputes où
j’avais, une fois de plus, déversé mes propres insécurités sur lui, il a pris
une décision. Il s’est enfermé dans sa chambre, déterminé à reprendre le
contrôle de sa vie. Je l’ai entendu murmurer qu'il en avait assez, qu'il ne
laisserait plus mes problèmes ruiner son avenir. Je ne l’ai pas cru tout de
suite, pensant que ce n’était qu’un accès de colère passager.
Mais
les jours sont passés, et Zac a tenu bon. Il a plongé tête baissée dans ses
études, se coupant du reste du monde, y compris de moi. Ce silence entre nous
m’a blessée plus que je ne l’aurais imaginé. Mais en même temps, je ne pouvais
m’empêcher d’admirer sa détermination. Zac a travaillé d’arrache-pied, parfois
tard dans la nuit, rattrapant tout ce qu’il avait perdu. Il n'a pas simplement
rattrapé son retard, il a brillamment dépassé les attentes.
Quelques
semaines avant de devenir officiellement un jeune adulte, Zac a obtenu son bac
avec des résultats remarquables, bien avant ses camarades. Ce jour-là, je l’ai
vu sous un nouveau jour. Ce n’était plus le petit garçon que je voulais
protéger, mais un jeune homme capable de tracer son propre chemin. Malgré les
épreuves, il a prouvé qu’il était plus fort que les obstacles que la vie, et
moi, avons mis sur sa route.
Cependant,
à peine son diplôme en poche, Zac a pris une autre grande décision : il est
parti s’installer dans une petite maison non loin de chez nous. Un lieu à lui,
où il pouvait enfin réfléchir tranquillement à son avenir, loin des tensions
qui avaient marqué ces dernières années. Je sais que cette distance est
nécessaire pour lui, mais elle me laisse un vide immense.
Consciente
de mes erreurs, j’ai décidé de l'aider du mieux que je pouvais. Pour rattraper
ce que j’avais fait, je lui apporte un soutien financier jusqu'à ce qu'il
trouve un emploi stable. C'est ma manière de me racheter, de lui montrer que
malgré tout, je serai toujours là pour lui. Zac réfléchit à ce qu’il veut faire
de sa vie, et je veux qu’il ait toutes les chances de réussir, sans les
obstacles que j’ai pu lui imposer. Il mérite de pouvoir commencer cette
nouvelle étape sereinement, et je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour l’y
aider.
Mot de l’Autrice :
Quand j'ai commencé ce challenge, je ne contrôlais que Mai An, une mère courageuse qui tentait de naviguer seule dans les tumultes de la vie avec ses trois enfants. À ses côtés, il y avait Jia, devenue une adolescente pleine de caractère, et Alona, une enfant joyeuse et intrépide. Nous nous sommes retrouvés sur cette plage, un lieu qui marquait un nouveau départ pour eux tous, surtout après la naissance inattendue de Jin, le petit dernier.
Dès le début, je savais que ce ne serait pas facile. Le jeu ne m’a épargné aucun rebondissement, chaque jour apportant son lot de défis imprévus et de décisions difficiles. Mais c’est précisément ce qui a rendu l’aventure si fascinante. J'ai vu mes personnages grandir, se transformer, et surmonter des obstacles que je n'aurais jamais pu imaginer. Leur détermination et leur force m'ont inspirée à chaque étape.
L’anniversaire de Zac a marqué la fin de cette époque, et aussi la fin de mon temps passé à jouer avec eux. C’est une décision difficile, mais j’ai choisi de ne plus les guider, de les laisser poursuivre leurs propres aventures sans moi. J'ai adoré suivre leur évolution, leurs victoires comme leurs échecs, et ces moments resteront à jamais gravés dans ma mémoire.
Merci à tous ceux qui ont suivi cette aventure avec moi. Même si je ne jouerai plus avec cette famille, leur histoire continue dans mon cœur, pleine de vie et de souvenirs.
À bientôt pour de nouvelles aventures !
CyCymLit
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